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Livre audio - Terminale
Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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Bruno Déchamps


Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?


Programme de Terminale
Sciences économiques et sociales


G.E.P. de S.E.S.
Académie de Versailles

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Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?


  1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?
  2. Quelles sont les sources de la productivité globale des facteurs (PGF) ?
  3. Quel rôle jouent les institutions dans la croissance économique et l’innovation ?
  4. Comment le progrès technique peut-il engendrer des inégalités de revenus ?
  5. Quelles sont les limites écologiques à la croissance économique ?
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Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?
  1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?
    1. Qu’est-ce que la croissance économique ?
    2. Quels sont les facteurs de la croissance économique ?
    3. La croissance économique est un phénomène cumulatif
Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?
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  1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?
    1. Qu’est-ce que la croissance économique ?
La croissance économique correspond à l’augmentation de la production sur une longue période. Elle se mesure à partir du taux de croissance du PIB en volume.

Le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées brutes marchandes et non marchandes. C’est une mesure des quantités de richesses produites sur une période donnée dans un pays.

La valeur ajoutée brute correspond à la valeur de la production – la valeur des consommations intermédiaires.

La valeur de la production marchande est estimée à partir du chiffre d’affaires (prix de vente unitaire x quantités vendues) ±Δ des stocks.

La production non marchande n’étant pas vendue, elle est estimée à partir des coûts des facteurs de production.

Les consommations intermédiaires correspondent aux biens et services utilisées au cours de la production et dont la durée de vie est inférieure à un an.

On mesure la croissance en volume car une augmentation de la VAB peut-être liée à une augmentation des prix et non pas à une augmentation des quantités. Il faut donc retrancher l’augmentation des prix pour calculer le PIB en volume, c’est-à-dire le PIB réel (ou en euros constants).

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  1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?
    1. Quels sont les facteurs de la croissance économique ?
Les facteurs de production correspondent au capital (ensemble des machines, terrains, bâtiments, produits intermédiaires) et au travail. Toute activité productive combine nécessairement ces deux facteurs dans des proportions plus ou moins importantes.

Plus les quantités de facteurs de production s’accroissent, plus on pourra produire. En première approche, utiliser deux fois plus de machines et deux fois plus de travailleurs permettra de produire deux fois plus.

Lorsque l’on mesure la contribution de l’augmentation du capital et du travail à l’augmentation de la production, les économistes se rendent compte qu’une partie de la croissance n’est pas due à ce phénomène. Un reste, un résidu de croissance reste inexpliqué. On l’attribue alors à la productivité globale des facteurs de production (PGF).

Ce résidu s’explique en général par le progrès technique correspondant à l’amélioration de l’efficacité de la combinaison productive. Ce progrès technique n’est pas du uniquement aux évolutions technologiques, mais aussi à des modifications organisationnelles du processus de production.
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Lorsque la croissance économique est principalement due à l’augmentation des deux facteurs de production que sont le travail et le capital, on parlera de croissance extensive (due donc à l’extension des quantités de facteurs).

Lorsque la croissance économique est principalement due à la PGF on parlera de croissance intensive.
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  1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?
    1. La croissance économique est un phénomène cumulatif
La croissance économique dépend de l’accumulation des facteurs de production.

Pour le facteur travail, son accumulation dépend de la démographie (naissances d’il y 20 ans = nouveaux entrants sur le marché du travail et naissances d’il y a 62 ans = sortants du marché du travail), du comportement des femmes à l’égard du travail professionnel, de l’évolution de la durée de scolarisation des jeunes, de l’âge de départ à la retraite et du solde migratoire (immigration – émigration).

Pour le facteur capital, son accumulation dépend des flux d’investissements auxquels il faut retrancher les flux d’amortissements (capital usé, obsolète).

Toutefois, cette accumulation des facteurs de production peut buter sur la loi des rendements décroissants. Cette loi stipule que lorsque l’on augmente les quantités de facteurs de production, la production totale s’accroît mais de moins en moins vite, jusqu’à atteindre un état stationnaire, c’est-à-dire une situation où la croissance économique n’existe plus. Ce sont les rendements marginaux qui sont décroissants.

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Ce sont les gains de productivité qui vont permettre de contrer ce funeste pronostic établi par les économistes classiques dès la fin du 18ème siècle et le début du 19ème.

La croissance peut donc se poursuivre grâce à une meilleure efficacité dans l’utilisation des facteurs de production, ce que mesurerait la PGF.

Rappels :

Productivité du travail = production / quantité de travail utilisée pour la réaliser

Productivité du capital = production / quantité de capital utilisée pour la réaliser

Productivité globale = production / (quantité de travail + quantité de capital)

Les gains de productivité correspondent également à une baisse des coûts de production unitaires car les coûts unitaires sont calculés en divisant par exemple le coût du travail (quantité de travail) par la production : il s’agit de l’inverse de la productivité.

Augmentation de la productivité = Baisse des coûts de production unitaires
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Ces gains de productivité peuvent par de multiples canaux favoriser l’augmentation de la production.
  • Ils peuvent permettre de réduire les prix de vente, ce qui améliorera la compétitivité extérieure des entreprises. On peut donc en attendre une augmentation des exportations et une réduction des importations. Cela se traduira donc par une augmentation de la demande adressée aux entreprises situées sur le territoire.
  • Ces gains de productivité peuvent également servir à augmenter les salaires et renforcer ainsi le pouvoir d'achat des ménages qui bénéficie déjà de la baisse des prix de vente. L'augmentation de la consommation finale viendrait donc stimuler plus encore la demande adressée aux entreprises situées sur le territoire.
  • Enfin, ces gains de productivité peuvent accroître les profits des entreprises. Celles-ci pourront donc financer plus facilement leurs investissements, stimulant de nouveau la demande adressée aux entreprises situées sur le territoire.
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L'augmentation des salaires et des profits améliore également les recettes fiscales et sociales, autorisant une augmentation des dépenses publiques, nouvelle source d'accroissement de la demande adressée aux entreprises situées sur le territoire.

Dans ces conditions, la production et l'emploi seront stimulés. L'augmentation du niveau de production génèrera d'ailleurs des économies d'échelle, nouvelles sources de gains de productivité.

Enfin, l'augmentation de l'emploi orienterait les salaires de nouveau à la hausse.

Au final, nous serions dans un cercle vertueux où la production, l'emploi, les revenus seraient orientés à la hausse.
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  1. Quelles sont les sources de la productivité globale des facteurs (PGF) ?
    1. La PGF est liée au progrès technique
    2. D’où vient le progrès technique ?
    3. Le progrès technique n’explique pas toute la PGF
    4. Le progrès technique est endogène
    5. Le progrès technique (l’innovation) est un processus de destruction créatrice
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  1. Quelles sont les sources de la productivité globale des facteurs (PGF) ?
    1. La PGF est liée au progrès technique
La PGF est qualifiée de résidu car elle se calcule comme étant la partie de la croissance économique qui ne peut être attribuée à l’augmentation des deux facteurs de production que sont le travail et le capital. Il s’agit donc d’un reste dans le calcul. On l’attribue en première approche au progrès technique.

Ce progrès technique correspond aux progrès des technologies, mais aussi à la meilleure efficacité dans l’utilisation des facteurs de production ou à une meilleure organisation de la production.

Le progrès technique accroît la PGF de multiples façons.

Par exemple les ordinateurs grâce aux progrès technologiques sont de plus en plus puissants. Leurs utilisateurs gagnent donc de plus en plus de temps dans leurs tâches (une même machine produit plus avec le même travailleur d'où des gains de productivité du travail et du capital sans que le stock de capital se soit accru, ni que le nombre de travailleurs n’ait augmenté). De plus, des tâches qui étaient effectuées manuellement peuvent être automatisées donc on utilise plus efficacement les facteurs de production. Enfin, l’informatisation peut conduire à une nouvelle organisation de la production (passage aux flux tendus par exemple dans l’industrie évitant la création et la gestion de stocks).

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Signalons également que les TIC ont permis l’apparition et le développement d’activités nouvelles, sources de croissance économique, en bénéficiant de fortes externalités positives. Les GAFA par exemple profitent pleinement des infrastructures du réseau internet mondial sans avoir participé au financement de son développement et de son maintien.

La technologie a ceci de particulier qu’elle n’est pas soumise à la loi des rendements décroissants. Il s’agit pour l’essentiel d’un bien collectif (non excluable et non rival). Les connaissances se diffusent progressivement et permettent de nouvelles avancées scientifiques. Chaque génération apporte son lot de découvertes qui s’empilent les unes sur les autres depuis les débuts de l’humanité, générant ainsi du progrès technique. L’accumulation de ces connaissances ne coûte donc rien.

Si le progrès technique est lié à l’accumulation de connaissances ne coûtant quasiment rien, il permet donc de produire beaucoup plus sans que cela ne coûte beaucoup plus. Il génère donc des rendements croissants et favorise le développement de la PGF. Il permet de contrecarrer la tendance aux rendements décroissants générée par l’augmentation physique des facteurs de production.
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  1. Quelles sont les sources de la productivité globale des facteurs (PGF) ?
    1. D’où vient le progrès technique ?
Le progrès technique provient des innovations qui sont des applications industrielles et commerciales d’inventions et de découvertes.

On peut distinguer plusieurs typologies de ces innovations. La plus simple est la distinction entre innovation de produits et innovations de procédés. On peut également trouver des typologies plus fines distinguant les innovations de produits, les innovations organisationnelles, les innovations de commercialisation et les innovations de procédés.
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  1. Quelles sont les sources de la productivité globale des facteurs (PGF) ?
    1. Le progrès technique n’explique pas toute la PGF
Le progrès technique (les innovations) n’est pas la seule source d’une amélioration de la PGF. La productivité des facteurs de production peut être améliorée par des investissements dans différents types de capitaux :
  • Le capital humain (stock des connaissances des travailleurs) peut s’accroître grâce à l’investissement dans l’éducation : des travailleurs mieux formés sont plus productifs et peuvent utiliser des machines qui incorporent du progrès technique (des innovations).
  • Le capital public (ensemble des infrastructures d’un pays) peut être développé. Ce capital facilite la circulation des travailleurs, des capitaux, des marchandises, des informations, des idées. L’État est aussi une source importante de financement de la Recherche fondamentale et de la Recherche et Développement à l’origine des innovations (du progrès technique).
  • La qualité des institutions d’un pays semble également un facteur important influençant la PGF (voire III. Suivant).
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  1. Quelles sont les sources de la productivité globale des facteurs (PGF) ?
    1. Le progrès technique est endogène
Le progrès technique (et donc la croissance) est considéré comme « endogène » car il est le résultat d’investissements, de choix économiques donc. Il n’est pas dû au hasard de découvertes ou d’inventions mais à des investissements dans la recherche fondamentale, à des innovations (qui sont leur application industrielle et commerciale) fruits d’efforts en Recherche et Développement. Ces investissements génèrent du progrès technique qui stimule la croissance et permet de financer un nouvel effort d’investissement. La croissance serait donc auto-entretenue.

Le progrès technique permettrait une croissance indéfinie puis qu’il ne bute sur aucune contrainte matérielle.
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  1. Quelles sont les sources de la productivité globale des facteurs (PGF) ?
    1. Le progrès technique (l’innovation) est un processus de destruction créatrice
Selon J. Schumpeter le progrès technique est à l’origine d’un processus de destruction créatrice car les nouvelles innovations ont tendance à faire disparaître certaines activités plus anciennes et moins compétitives au profit de nouvelles activités plus productives.

Les activités que le progrès technique contribue à faire disparaître sont des activités anciennes qui ont épuisé leurs gains de productivité. Elles sont donc balayées par des activités nouvelles plus efficaces, plus productives. Pour J. Schumpeter, des grappes d’innovations stimulent donc la croissance économique en créant de nouvelles activités qui détruisent des activités portées en leur temps par d’anciennes innovations. La croissance économique serait donc cyclique, la durée de ces cycles dépendant de l’émergence de ces nouvelles grappes d’innovations.
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  1. Quel rôle jouent les institutions dans la croissance économique et l’innovation ?
    1. Qu’est-ce qu’une institution ?
    2. Les institutions sont indispensables à la croissance économique
    3. Le rôle central des droits de propriété
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  1. Quel rôle jouent les institutions dans la croissance économique et l’innovation ?
    1. Qu’est-ce qu’une institution ?
On peut définir les institutions comme les règles qui conditionnent les incitations économiques des individus, ainsi que les perspectives et opportunités qui s'offrent à eux. On peut distinguer deux types d’institutions :
  • les institutions inclusives sont des institutions qui favorisent la participation de tous les citoyens aux activités économiques en tirant le meilleur parti de leurs talents et de leurs compétences. Par exemple l’accès aux soins pour tous, quel que soit son niveau de revenu, permet à chacun de vivre et de travailler dans de meilleures conditions et d’exploiter au mieux ses compétences qui sans cela risqueraient d’être entravées par des maladies non soignées ou des handicaps non traités.
  • les institutions extractives sont des institutions qui freinent et inhibent l'innovation car elles ne garantissent pas les droits de propriété ou bien elles imposent des barrières à l'entrée qui protègent les intérêts acquis, mais en même temps empêchent l'éclosion de nouvelles idées. Par exemple, un régime politique autocratique (pouvoir important exercé par une seule personne) ou autoritaire, voire corrompu, détourne à son profit un certain nombre de ressources notamment économiques, dissuadant ainsi un certain nombre d’agents économiques de développer leurs activités.
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Douglass North quant à lui distingue des institutions formelles et des institutions informelles.
  • Les institutions formelles : les règles, les lois, les Constitutions. Une institution formelle comme le droit de propriété incite les individus à développer leurs activités économiques.
  • Les institutions informelles : les normes de comportement, les conventions, les codes de conduite auto-imposées). Une institution informelle comme la structure sociale peut également favoriser le développement des activités économiques dans la mesure où un certain niveau de confiance existe entre les groupes sociaux, où l’on accepte sa position sociale car elle n’est pas figée : cela permet les échanges, y compris économiques.
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  1. Quel rôle jouent les institutions dans la croissance économique et l’innovation ?
    1. Les institutions sont indispensables à la croissance économique
On peut distinguer les institutions selon leur rôle spécifique dans le développement des activités économiques.
  • Les institutions créatrices de marchés qui protègent les droits de propriété et garantissent l’exécution des contrats.
  • Les institutions de réglementation des marchés qui favorisent le maintien de la concurrence sur les marchés et limitent les externalités négatives.
  • Les institutions de stabilisation des marchés qui limitent les déséquilibres macroéconomiques : inflation, chômage, crises financières,…
  • Les institutions de légitimation des marchés qui légitiment les résultats de l’activité économique, notamment en assurant la redistribution des richesses créées.
Le bon fonctionnement de toutes ces institutions semble nécessaire à l’apparition, au développement, au maintien des activités économiques, de la croissance économique.
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  1. Quel rôle jouent les institutions dans la croissance économique et l’innovation ?
    1. Le rôle central des droits de propriété
Les droits de propriété font référence à la capacité qu’ont les individus à exercer une autorité sur les ressources qu’ils possèdent, c’est-à-dire à en disposer librement comme bon leur semble. Les institutions nécessaires au respect des droits de propriété sont les lois et les institutions judiciaires.
Le non respect de ces droits de propriété empêcherait les agents économiques d’investir, puisqu’ils n’auraient pas la garantie de percevoir les bénéfices de leurs efforts.
Ainsi, par exemple, la corruption correspondant au fait d’acheter des décisions auprès de ceux qui détiennent du pouvoir nuit gravement à la croissance économique car elle entrave la coordination des mécanismes de marché. Elle se caractérise par une opacité de l’information, débouche sur l’apparition de monopoles, nuit à la libre entrée / sortie du marché. Ce sont donc les règles de la concurrence pure et parfaite qui ne sont pas respectées ici : transparence du marché, atomicité du marché, fluidité du marché.
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Lorsque plus globalement on examine les relations entre l’État de droit et la croissance économique, on constate une forte corrélation positive.
Une corrélation n’implique pas nécessairement une relation de cause à effet. Qui plus est il faut clarifier quelle est la cause et quel est l’effet. On peut par exemple considérer que la bonne qualité des institutions est un facteur favorable à la croissance économique. Mais on peut également soutenir la causalité inverse : la croissance économique serait favorable au développement de l’État de droit.
On pourrait synthétiser tout cela en disant que ces deux éléments entretiennent des affinités électives, c’est à dire qu’ils vont bien ensemble qu’ils se renforcent l’un l’autre.
Toutefois, on constate que certains régimes autoritaires réussissent à développer leur croissance économique et à stimuler le PIB par habitant (la Corée du Sud sous la dictature militaire jusqu’en 1980 devient un des 4 Dragons d’Asie dans les années 1970 ; la Chine est également marquée par un régime autoritaire qui depuis les années 1980 connaît une croissance forte).
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Enfin, pour conforter cette relation étroite entre droit de propriété et croissance économique, on peut constater que le nombre de brevets déposés dans un pays est d’autant plus élevé que le pays est développé.
Le brevet protège une innovation technique, c'est-à-dire un produit ou un procédé qui apporte une nouvelle solution technique à un problème technique donné. On ne peut pas protéger une idée par un brevet. Seuls les moyens techniques mis en oeuvre pour la concrétiser le seront.
En déposant un brevet à l'INPI (institut national de la propriété industrielle), on obtient, en France, un monopole d'exploitation pour une durée maximale de 20 ans. On est ainsi le seul à pouvoir l'utiliser et on peut interdire toute utilisation, fabrication, importation, etc., de son invention effectuée sans autorisation. On peut poursuivre les contrefacteurs devant les tribunaux.
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  1. Comment le progrès technique peut-il engendrer des inégalités de revenus ?
    1. Progrès technique, évolution des emplois et des salaires
    2. La montée des inégalités de revenus
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  1. Comment le progrès technique peut-il engendrer des inégalités de revenus ?
    1. Progrès technique, évolution des emplois et des salaire
Le progrès technique a des effets contradictoires sur les emplois et les salaires. Selon la nature des innovations, les effets peuvent être très différents.
Ainsi, des innovations de procédés auront plutôt tendance à faire disparaître des emplois peu qualifiés ou intermédiaires : de nouvelles machines se substituent au travail humain. Les salaires pour ce type d’emplois auront tendance à stagner voire à se réduire, la demande se réduisant.
Par contre, les innovations de produits nécessiteraient une main d’œuvre plus qualifiée (ce qui impliquerait des dépenses supplémentaires en capital humain). La demande d’emplois qualifiés croissante expliquerait une hausse des salaires pour ce type d’emplois.

Le progrès technique expliquerait donc une certaine polarisation des emplois : les emplois les plus qualifiés se développent, ainsi que les emplois non qualifiés qui échappent aux innovations. Les emplois intermédiaires seraient, eux, en perte de vitesse, plus souvent soumis à la substitution du capital au travail. Cette polarisation des emplois expliquerait en partie la montée des inégalités de revenus constatée depuis les années 1980 dans les pays développés.
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Le progrès technique serait donc « biaisé ».
Il aurait tendance à améliorer la productivité des emplois qualifiés ce qui renforcerait la hausse des salaires de ces emplois déjà évoquée en raison de la hausse de la demande de ce type de travail par les employeurs.
Les travailleurs non qualifiés, quant à eux, ne bénéficieraient en rien du progrès technique. Certains voient leurs emplois disparaître, remplacés par des machines, d’autres exercent des activités manuelles non routinières qui ne sont pas remplaçables par des machines et dont la productivité ne s’améliore en rien. Au mieux, leurs salaires stagnent, ils se réduisent donc relativement à ceux des travailleurs qualifiés qui progressent.
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  1. Les outils dont dispose la banque centrale pour mener sa politique monétaire
    1. La montée des inégalités de revenus
Si les inégalités de salaires s’accroissent, il ne faut pas oublier qu’ils ne sont pas les seuls types de revenus perçus : il existe également des revenus de la propriété, des revenus mixtes (ceux des travailleurs indépendants) et des revenus de transfert.
Lorsque l’on prend en compte l’ensemble des revenus disponibles, on constate également une augmentation des inégalités.
L’exemple des États-Unis illustre de façon aigüe le phénomène. Les 1 % de personnes les plus riches ont accaparé à elles seules l’essentiel de la création de richesses supplémentaires depuis les années 1970. Ce phénomène semble étroitement lié aux droits de propriété (symbolisé par la forte augmentation du nombre de brevets). Ce sont donc surtout les revenus de la propriété qui ont généré cette montée des inégalités de revenus.
On retrouve cette même situation dans les autres pays développés quoique souvent moins marquée en raison d’un système de protection sociale plus développé (instituions de légitimation des marchés).
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Pour les pays émergents, la période récente fait apparaître une forte augmentation du revenu des classes moyennes, ce qui contribue à l’augmentation de leur PIB par habitant. Les inégalités de revenus avec les pays développés se sont donc réduites. Toutefois, les inégalités de revenus entre d’un côté les plus riches et les classes moyennes de ces pays émergents et de l’autre côté les plus pauvres se sont également fortement creusées.

Enfin pour les pays les moins avancés (PMA), leur croissance économique reste faible et le fossé avec les pays les plus riches et les pays émergents se creuse sensiblement. La faiblesse de l’État de droit explique parfois les progrès insuffisants dans leur croissance économique.
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  1. Quelles sont les limites écologiques à la croissance économique ?
    1. L’épuisement des ressources naturelles
    2. La pollution
    3. Le réchauffement climatique
    4. La croissance économique est-elle soutenable ?
    5. La nécessaire intervention de l'État
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  1. Quelles sont les limites écologiques à la croissance économique ?
    1. L’épuisement des ressources naturelles
Si les ressources naturelles sont indispensables à la croissance économique (énergie, matières premières, alimentation), leur épuisement conduira alors à l’épuisement de la croissance économique. Parmi ces ressources naturelles on peut distinguer :
  • les ressources naturelles épuisables qui sont un stock fini de matière. Puiser dans ce stock, c’est irrémédiablement l’épuiser (or, charbon, pétrole,…).
  • les ressources naturelles renouvelables qui , quant à elles, ont une capacité propre de régénération, leur stock n’est pas fini, il peut se renouveler (forêts, ressources halieutiques,…). Mais elles aussi sont épuisables si les prélèvements sur les stocks excèdent les capacités de renouvellement de ces ressources.
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  1. Quelles sont les limites écologiques à la croissance économique ?
    1. La pollution
La pollution génère de nombreuses externalités négatives, c’est-à-dire des coûts qui ne sont pas supportés par les producteurs ou les consommateurs à l’origine de cette pollution.
Elle engendre notamment des problèmes de santé qui entrainent des dépenses de soins, des arrêts de travail, des décès prématurés qui ont un coût important pour la société. Or ce coût n’est pas supporté (ou fort peu) par les personnes qui polluent. Il s’agit donc bien d’une externalité négative.
D’un point de vue général, cette pollution dégrade notre qualité de vie et si les dépenses de santé contribuent à l’augmentation du PIB, il serait peut-être plus rationnel d’éviter d’avoir à les faire.
La croissance économique serait donc moindre si l’on pouvait comptabiliser ce coût que représente la pollution : cela réduirait la VAB marchande, mais également non marchande. Cette moindre croissance pourrait être compensée (intégralement ou pas ?) par le développement des activités non polluantes ou dépolluantes. Mais au-delà de la croissance du PIB, la qualité de vie s’en trouverait améliorée.
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  1. Quelles sont les limites écologiques à la croissance économique ?
    1. Le réchauffement climatique
Principalement lié aux émissions de CO2 dans l’atmosphère générées par les activités humaines, le réchauffement climatique génère des dégâts environnementaux et humains de plus en plus importants qui pourraient conduire à la disparition de toute vie sur la planète.
C’est donc bien plus que la croissance économique qui se trouve menacé par ce phénomène étroitement lié à la croissance elle-même.
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  1. Quelles sont les limites écologiques à la croissance économique ?
    1. La croissance économique est-elle soutenable ?
Compte-tenu de tous ces phénomènes, pourra-t-on continuer de produire de plus en plus indéfiniment ?
  • Pour les tenants de la soutenabilité faible, la croissance économique est fonction d’un stock de capital global (naturel, physique, humain, social) et ce qui compte pour assoir un développement durable c’est que ce stock global se maintienne. Dans ces conditions peu importe si le stock de capital naturel se réduit, cela peut être compensé par l’augmentation d’autres formes de capital. Les partisans de cette thèse pensent même que le progrès technique peut aider à restaurer les dégâts environnementaux et donc la destruction du capital naturel.
    L’innovation peut compenser la perte de capital naturel en remplaçant par exemple les énergies fossiles par des énergies renouvelables (panneaux solaires, éoliennes,…).
    Les limites environnementales à la croissance économique peuvent donc être dépassées grâce aux innovations : on peut produire autrement, être plus économes en ressources naturelles (innovations organisationnelles), privilégier les circuits courts en matière d’approvisionnement (innovation de commercialisation) ou bien trouver de nouvelles sources d’énergie (fusion nucléaire testée à Cadarache en France, hydrogène,…) grâce aux innovations technologiques.
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Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?




  • Pour les tenants de la soutenabilité forte, une telle substitution des capitaux n’est pas possible. Le capital naturel est irremplaçable, il faut le préserver car certains dégâts sont irréversibles. Lorsqu’une espèce animale ou végétale disparaît le phénomène est définitif. On ne pourra pas non plus empêcher les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique déjà acté. Pour toutes ces raisons, il conviendrait de limiter la croissance, de produire autrement, en respectant l’environnement. Certains vont même jusqu’à prôner la décroissance.
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  1. Quelles sont les limites écologiques à la croissance économique ?
    1. La nécessaire intervention de l'État
Il est nécessaire que l'État intervienne pour que les technologies vertes se développent car les marchés sont défaillants pour prendre en compte les externalités négatives liées à l’épuisement des ressources, à la pollution et au réchauffement climatique. Les pouvoirs publics peuvent intervenir en agissant sur :
  • la fiscalité environnementale qui incite les agents à modifier leurs comportements ;
  • la réglementation environnementale qui contraint les agents à modifier leurs comportements.
Ces deux formes d’action sont complémentaires. Selon la nature des comportements à corriger, il est parfois plus efficace de contraindre ou plus efficace d’inciter.
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Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?




La fiscalité environnementale génère ce que l’on appelle un double dividende. Elle permet de corriger les comportements des acteurs économiques en réduisant la pollution (taxe carbone par exemple), ce qui représente le premier bénéfice (dividende) de l’action publique. Mais la fiscalité procure des moyens financiers supplémentaires que les pouvoirs publics peuvent utiliser pour mener leur politique environnementale (subventions vertes) ou une autre politique, ce qui représente un second bénéfice (dividende).

Bruno Déchamps

Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

Sciences économiques et sociales
Programme de Terminale

  • Comprendre le processus de croissance économique et les sources de la croissance : accumulation des facteurs et accroissement de la productivité globale des facteurs ; comprendre le lien entre le progrès technique et l’accroissement de la productivité globale des facteurs.
  • Comprendre que le progrès technique est endogène et qu’il résulte en particulier de l’innovation.
  • Comprendre comment les institutions (notamment les droits de propriété) influent sur la croissance en affectant l’incitation à investir et innover ; savoir que l’innovation s’accompagne d'un processus de destruction créatrice.
  • Comprendre comment le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenus.
  • Comprendre qu’une croissance économique soutenable se heurte à des limites écologiques (notamment l’épuisement des ressources, la pollution et le réchauffement climatique) et que l’innovation peut aider à reculer ces limites.

Bruno Déchamps est professeur de S.E.S. au lycée Évariste Galois de Sartrouville (78).